Université Catholique d’Afrique Central, 2 Enseignants dédicacent 02 livres sur le handicap.
Il s’agit du Pr. Marie Thérèse Mengue et du Dr. Monique Amor Ndjabo. Les 2 ouvrages des auteurs traitent les questions du handicap mais chacun dans un angle qui lui est propre.
Le père Recteur de l’Université Catholique d’Afrique Centrale le Pr. Abbé Jean Bertrand Salla qui présidait la cérémonie a félicité les 2 auteurs ainsi que les différents établissements qui les ont accompagnés. Il a invité les autres enseignants de l’UCAC qui traînent le pas à s’arrimer dans la recherche. Car c’est la clé de voûte pour l’augmentation en grade dans le monde universitaire. Étant un pool de l’excellence, les enseignants de l’UCAC ne doivent pas rester avec des grades statiques.
Voici les 2 ouvrages en bref
Le premier ouvrage est celui du Pr. Marie Thérèse Mengue. Il est intitulé : les handicaps en contexte africain, de l’éthique aux pratiques. Avec la collaboration du Pr. Marcel Calvez, ce livre de 281 pages divisé en 2 parties propose des contributions qui ont pour ambition de sortir d’une analyse du handicap en tant que déficience ou incapacité individuelle pour relever les enjeux d’une analyse centrée sur les dimensions sociales et territoriales du handicap. Le livre prolonge également cette posture en s’interrogeant sur les déficits auxquels les politiques publiques, mais également les engagements religieux ou sociaux en direction des personnes handicapées sont confrontés. L’ensemble de ces contributions permet de dresser un état des problématiques abordées par des chercheurs qui, à des titres divers, s’y intéressent et cherchent à les mettre en discussion. Le présent ouvrage rend ainsi compte des composantes majeures de ces débats et propose des perspectives de recherche à partir des approches méthodologiques variées susceptibles de créer un cadre commun à partir duquel les travaux de recherche peuvent être menés.
Le deuxième ouvrage est intitulé : le handicap moteur dans la ville de Yaoundé, trajectoires et expériences de vie. Il a pour auteur le Dr. Monique Amor Ndjabo. Il est préfacé par le Pr. Marie Thérèse Mengue. Ce livre d’un volume de 388 pages édité chez L’Harmattan à Paris en 2021 est l’extrait de la thèse de Doctorat de son auteur en 2018. Le livre s’organise autour d’une introduction, de 8 chapitres, d’une conclusion, et d’une abondante et pertinente référence. À partir des entretiens menés auprès des hommes et femmes en incapacité motrice vivants dans la ville de Yaoundé, l’ouvrage a pour objectif d’analyser les interactions entre l’incapacité motrice et l’environnement social à travers différents parcours de réinsertion sociale.Franck Cédric Bolamo.
Réactions
Dr. Monique Amor Ndjabo
J’aime bien souvent d’abord rappeler que, avant d’être aujourd’hui sociologue de la santé, je suis d’abord infirmière. Et par mon statut de personnel de la santé, le constat a été empirique dans les structures sanitaires. Lequel a porté sur l’arrivée des personnes avec des pathologies cardiovasculaires mais avec un focus sur l’AVC. L’hôpital qui est basé sur le modèle individuel dont le résultat porte sur la guérison, une fois donc avoir été soigné où avoir récupéré autant que se peut le membre déficient, la question qui m’est venue en idée a été : que devient cette personne lorsqu’elle sort soit de l’hôpital, soit d’un centre de réadaptation ? Que devient cette personne au sein de sa famille ? Au sein de son entourage proche ? Au sein de son lieu de travail ? Ou au sein de son école ? Parce que nous avons rencontrés des personnes dont le handicap est survenu à l’enfance et certains étant adultes. C’est de là où part le questionnement pour arriver à travailler sur les trajectoires des personnes handicapées. Je suis satisfaite de cet ouvrage parce qu’il a été question de rendre compte des perturbations biographiques au sein des personnes handicapées. Et de me faire comprendre mais aussi de faire comprendre à l’ensemble de la société ce que vit la personne handicapée. Je pense que, si un bon nombre de personne fait la lecture de cet ouvrage, on peut espérer changer les mentalités. Parce qu’il est question de changer les mentalités en vue de repenser le handicap sous l’aspect social.
Pr. Marie Thérèse Mengue
L’idée d’écrire un ouvrage sur le handicap m’est venue lorsque j’ai décidé d’accompagner le Dr. Monique Amor Ndjabo dans le cadre de sa thèse de Doctorat . Elle a commencé à chercher un objet de recherche. Elle est tombée sur les AVC. Et on s’est dit que l’AVC rend les gens parfois handicapés. C’est à partir de là qu’on a commencé à cogiter ensemble en se disant que ça pourrait être intéressant de se pencher sur le handicap. J’ai donc commencé à lire et mes lectures l’ont aidé aussi à réaliser son rêve d’être Docteur en sciences sociales. Avec l’aide de mon collègue qui est à Rennes le Pr. Jean Calvez , nous avons pu l’accompagner dans cet exercice. C’est comme ça que petit à petit je me suis rappelé que dans nos familles nous avons toujours des personnes qui souffrent de handicap. Pour mieux comprendre ça, j’ai commencé à m’intéresser à des personnes qui portent en eux des stigmates afin d’essayer de m’intéresser à leur vécu quotidien. À partir de là , on a trouvé une approche méthodologique qui était l’analyse des trajectoires des personnes handicapées( suivre leur histoire et essayer de voir comment ces personnes assument leur handicap. Comment est ce qu’elles vivent en famille, en société etc. ). Cet ouvrage s’adresse à toutes les populations du monde. Le handicap n’a pas d’origine. Il peut arriver à n’importe qui et dans n’importe quel pays. J’espère pouvoir continuer la recherche. Une recherche pas seulement axée sur le handicap moteur, mais d’essayer d’étudier les différents types de handicap. De pousser davantage l’étude pour creuser un certain nombre de handicap que nous portons en nous qui ne sont pas visibles et qui nous empêchent de vivre. On veut aller plus loin. Faire des recherches socio anthropologiques et entrer dans nos traditions pour essayer de comprendre et aider à travers les résultats de ces recherches les politiques publiques pour mettre en place des politiques de prise en charge.